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Suivi de l’évolution de l’orpaillage illégal

Le soutien à la lutte contre l’orpaillage illégal fait partie des priorités figurant dans la charte des territoires du Parc amazonien de Guyane (PAG), approuvée par le Premier Ministre en octobre 2013. En 2016, 78 missions terrestres, fluviales et aériennes ont été menées. Cela représente plus de 680 hommes-jour de présence effective sur le terrain, soit 87 % des missions de surveillance du Parc.
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Suivi héliporté

Face à la nécessité de suivre l’évolution de l’activité minière clandestine et d’en évaluer les impacts sur les écosystèmes, le PAG réalise trois fois par an des survols de son territoire.

Mises en place en 2008, ces missions permettent d’avoir une vision de la situation échelonnée dans le temps et de caractériser les impacts sur l’environnement et la typologie des chantiers illégaux. Après une collaboration fructueuse avec l’Office National des Forêts pendant plusieurs années, le Parc national réalise en autonomie depuis novembre 2015 des suivis héliportés de son territoire à raison de trois missions annuelles de survols. Les impacts et les évolutions de l’orpaillage illégal sont ensuite analysés. Afin d’affiner cette expertise et de répondre aux préoccupations des acteurs de la lutte contre l’orpaillage illégal sur l’évolution rapide de l’activité dans certains secteurs, une mission ponctuelle et très ciblée peut être mise en œuvre. Ces survols sont complétés de missions de diagnostic fluviales et terrestres tout au long de l’année.

Missions de terrain

Un programme régulier de surveillance concerne les zones prioritaires.  En 2016, ces missions ont permis de couvrir, en linéaire, 5000 km de fleuves et 1050 km de voies terrestres. 36 missions conjointes avec la Gendarmerie nationale et/ou les Forces armées en Guyane ont été mise en œuvre afin de mutualiser les compétences judiciaires et de terrain. Neuf missions fluviales, de quatre à cinq jours, ont été menées sur le bassin de la Camopi pour suivre la turbidité des cours d’eau et assurer une présence.

Par ailleurs, des missions de reconnaissance et de surveillance de zones peu explorées sont menées une à deux fois par an. En 2016, une grande mission a été réalisée sur pour faire la liaison entre Gros-Saut sur la crique Grand Abounami et le bourg Papaïchton.

La situation de l’orpaillage illégal en novembre 2016

Lors des campagnes de surveillance et diagnostic aériens, menées à 3 reprises depuis le début de l’année 2016, la tendance constatée depuis 2013 à un haut niveau des activités d’orpaillage illégal s’est confirmée sur les territoires concernés par le PAG. Une accentuation a été enregistrée avec, en novembre 2016, 139 sites d’exploitation illégale. Cela traduit une hausse de 23% par rapport à l’année 2015. C’est le plus haut niveau de sites illégaux observé sur le Parc amazonien depuis le début des campagnes de survols en mars 2008 (132 sites actifs en mars 2014).

On constate que le nombre des chantiers alluvionnaires n’a jamais été aussi élevé sur le territoire du Parc depuis 2008. Ces chantiers qui impactent les cours d’eau sont en augmentation de 23% (23 chantiers) depuis novembre 2015. Il faut ajouter l’impact des 12 barges (8 actives lors du survol) installées sur des cours d’eau à l’intérieur de la Guyane qui portent une atteinte directe aux cours d’eau et aux populations vivant en aval.

Selon les communes :

  • Camopi, 26 sites actifs ont été observés. Nous enregistrons une baisse de 6 sites en activité par rapport à juillet 2016 où nous avions alors observé une hausse de 7 sites. L’activité sur ce secteur de Camopi reste stable et oscille entre 24 et 32 chantiers depuis mars 2015. Malgré les opérations, les garimpeiros restent présents en forêt et occupent l’ensemble des bassins versant nord de la Camopi.
  • Sur Saül, l’activité illégale est en baisse par rapport à celle enregistrée en juillet  2016 avec 8 sites actifs (-2), soit le même nombre de chantier qu’en mars 2016. Celle-ci est concentrée sur seulement 2 secteurs (Alicorne, Cr Emérillon). Aucune activité n’a été relevée à l’ouest et au nord du bourg.
  • Sur Papaïchton, avec 14 sites illégaux, l’activité est en baisse (-11 sites) à l’échelle de la commune par rapport à celle observée en juillet 2016. Les opérations de lutte en cours sur une  partie de la commune lors du survol expliquent pour partie cette baisse.
  • A Maripa-Soula, avec 91 sites actifs (+30), le niveau d’activité sur la commune explose depuis le survol de juillet 2016. En comparaison avec les résultats de la campagne de mars 2016 la hausse d’activité atteint pratiquement 100 %. Il faut par ailleurs noter qu’une opération de lutte importante était en cours sur Eau Claire. C’est sur le secteur sud de la Waki/Tampok que la situation s’est considérablement dégradée en quelques mois (+25 sites actifs). 12 barges (8 actives et 4 en construction) étaient présentes sur les cours d’eau de l’intérieur de la Guyane contre 1 il y a un an.
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Une action conjointe GEND/FAG/PAG a été engagée en décembre 2016 et a permis de détruire les 13 barges soit une de plus que celles observées lors du survol.

Cette hausse du nombre de sites actifs est à mettre en relation avec la baisse des effectifs de gendarmes sur Maripa-Soula qui a conduit à une très forte baisse des opérations de lutte sur le secteur depuis septembre 2016.

Depuis 8 ans, les atteintes cumulées et durable à la biodiversité et aux habitats naturels du parc national sont considérables avec la destruction de très nombreux cours d’eau et du couvert forestier. L’activité illégale d’orpaillage au sein du PAG continue d’impacter des secteurs situés en zone cœur et les bassins de vie des populations. Les conséquences induites sur ces communautés d’habitants et leur environnement demeurent extrêmement préoccupantes et se pérennisent. Cette situation appelle prioritairement des mesures de lutte adaptées à ce contexte particulier, pour lesquelles certaines propositions ont été formulées par l’Etablissement et ses partenaires.

Dans le cadre de leurs actions de surveillance du territoire, les agents de la police de la nature (20 inspecteurs de l’Environnement) du Parc amazonien de Guyane effectuent des missions fluviales et terrestres au cours desquels ils peuvent collecter des informations sur l’activité d’orpaillage illégal. Implantation de chantiers clandestins, localisation de bases arrières logistiques, détection de voies pénétrantes utilisées par les garimpeiros pour acheminer du matériel… Autant d’informations transmises aux forces de l’ordre et qui contribuent à l’effort de lutte contre l’orpaillage illégal engagé par l’Etat.

Lors de ces missions, la brigade nature du Parc national est parfois amenée à constater des infractions au titre de différents textes de loi (code de l’environnement, loi sur l’eau, code forestier…) et à dresser des procès-verbaux. Abandon de déchets, pêche, chasse et coupe d’arbres en cœur de parc national par des non-résidents, activité minière en zone cœur, pollution de cours d’eau sont des exemples d’infractions observées. En outre, les agents procèdent à la prise de mesure de turbidité lors du constat de pollution des criques par les matières en suspension (Cf. suivi de la turbidité des cours d’eau ).

 

Suivi de la turbidité des cours d’eau

Les eaux fortement boueuses sont une des conséquences de l’orpaillage illégal. Dans le cadre des missions de veille et de diagnostic environnemental du Parc national, les agents effectuent lors des missions de terrain un suivi de la turbidité des cours d’eau.

La turbidité est liée à la présence des matières en suspension (MES) dans l’eau. Elles proviennent des tonnes de boues rejetées dans les rivières par les chercheurs d’or illégaux. Outre les conséquences graves sur les écosystèmes, la pollution aux matières en suspension touche directement les populations des fleuves, rendant impossible l’utilisation de l’eau pour les usages domestiques courants et impactant les ressources en poissons.

 La turbidité comme indicateur de l’activité minière

Le suivi régulier de la qualité de l’eau permet de surveiller et d’alerter sur le niveau d’activité d’orpaillage illégal sur le territoire du PAG. Les informations récoltées sur le terrain sont transmises aux forces de l’ordre et appuient leur travail de lutte contre l’orpaillage illégal. Des prélèvements sont effectués ponctuellement et des stations de mesures régulières réparties sur le long des rivières suivies. 33 stations font l’objet d’au moins 3 relevés annuels.