Au cours de ce stage de six mois, de niveau master 2 EFT (Écologie des forêts tropicales), Rose-Eva, encadrée par deux agents du Parc amazonien, a compilé les données de surfaces exploitées par l’orpaillage (réalisée par l’ONF) de typologie de reprises de la végétation (réalisée par Clément Huet, ancien stagiaire au Parc), de barranques (réalisée par Pierre Joubert, géomaticien au Parc), de sites clandestins (donnée coproduite par les partenaires LCOI) et des données du cadastre minier (Camino). Le jeu de données obtenu permet actuellement de réaliser des modèles statistiques, afin de comprendre les facteurs expliquant les différents types de revégétalisation après l’exploitation minière d’un site.
En parallèle, elle travaille sur l’utilisation d’apprentissage supervisé (machine learning) pour réaliser une classification semi-automatisée des objets (surfaces en eau, surface de sol nu, recrues de végétation, forêt mature, etc.) observables sur les images satellites (Planet, Sentinel, Spot) à disposition.
Le but est alors de pouvoir réaliser in fine un traitement rapide et dense dans le temps et dans l’espace des surfaces orpaillées visibles sur images satellites de la Guyane.
Ce travaillé devrait être complété d’une mission de terrain, à Papaïchton, afin d’établir un parallèle entre les images satellites et la réalité du terrain.
Ce stage s'inscrit dans le cadre du projet Erio (Évaluation de réduction des impacts liés à l’orpaillage), financé par le Fonds vert et l'OFB, lire encadré ci-dessous.
Sa soutenance est prévue début juillet et le rapport devrait être publié à la rentrée.
Rappelons qu’à l'échelle de la Guyane, depuis vingt-cinq ans, l'orpaillage (illégal et légal) est responsable de la déforestation de près de 30 000 hectares de forêts, dont 5 600 hectares sur le Parc amazonien. Il continue de générer une déforestation de l'ordre de 1 000 hectares par an en Guyane avec respectivement 500 ha/an pour l'illégal et autant pour le légal sans que les dynamiques d'évolution de ces sites post exploitation ne soient suivies à large échelle.
Erio : un projet multi-partenarial d’évaluation et de réduction des impacts
Le Parc national s’est mobilisé en 2023, afin de monter un projet multi-partenarial d’évaluation et de réduction des impacts, pour la période 2024-2026. Il bénéficie du soutien du Fonds vert et de l’Office français de la biodiversité.
Ce projet vient répondre à plusieurs enjeux. L’orpaillage illégal constituant la principale menace pour les milieux naturels, les hommes et les ressources dont ils dépendent, il est de la responsabilité de l’établissement public de pouvoir évaluer ces impacts de l’orpaillage illégal.
À l’enjeu acquisition de connaissances, s’ajoute celui du devenir de ces sites dégradés par les activités minières, en particulier illégales. Une étude de faisabilité (2021-2022) avait confirmé les fortes incertitudes pesant sur les projets de réhabilitation. Ils nécessitent la mobilisation sur un seul et même site dégradé de moyens techniques et financiers conséquents sans que le risque de repasse (retour des orpailleurs illégaux) ne puisse être totalement exclu, ce qui réduirait à néant les efforts consentis.
Ces travaux, suivis de réunions d’échanges entre acteurs (notamment OFB, Office de l’eau, DGTM et ONF), ont alors esquissé de nouvelles pistes orientées vers la réduction d’impacts à l’échelle du système hydrographique et faisant appel à des techniques déployables manuellement par une petite équipe mobile pouvant recourir à l’usage de mini-pelleteuses. Bien que les résultats attendus soient moins ambitieux à l’échelle du site, cette solution offre les avantages de réduire les impacts majeurs sur de plus vastes superficies (restauration de fonctionnalité), de présenter un meilleur rapport couts/bénéfices, de supprimer la nécessité d’accès pour des engins lourds et d’atténuer l’impact d’une repasse potentielle.