Accompagnée d’un droniste, la chargée de mission Faune du Parc amazonien menait un test préliminaire, le 11 mars, au Zoo de Guyane. Test qui a permis d’optimiser – empiriquement – certains paramètres et facteurs influençant la détection des atèles avec la caméra thermique, sur des individus hébergés au zoo et de tester un drone thermique nouvellement sorti sur le marché (le Mavic 3T). « Travailler sur un environnement semi-contrôlé, où le nombre, l’emplacement et la composition des groupes sont connus, facilite l’étude de certaines variables et l’obtention de données graphiques. Nous avons pu récolter des informations sur la signature thermique (chaleur émise par un corps) et affiner les paramètres », commente la chargée de mission, Cristina Marques Ferri.
Du 22 au 29 mars, c’est à Saül que Cristina et une fine équipe de la délégation centre ont optimisé la méthode sur le terrain, sur des individus sauvages et dans des conditions naturelles. « Saül présente plusieurs avantages : une forte densité d’atèles ; de nombreux sentiers et donc un accès plus facile ; et des données historiques de densités de grande faune », explique Cristina Marques Ferri.
Le drone a alors survolé la canopée (à l’aube, au coucher du soleil et même de nuit) suivant des lignes de prospection précises, pendant que des agents parcouraient le même transect à pied : dès qu’une des deux équipes voyait des atèles, elle le communiquait à l’autre, via talkie-walkie, puis les individus étaient comptés. Sur cinq sessions drone, des groupes d’atèles ont été détectés à trois reprises (en plus d’autres espèces).
Une animation drone a aussi été réalisée au bourg pour informer des objectifs et aboutissants de la mission.
Développer une nouvelle méthode est un travail de longue haleine et de nombreuses études pilotes sont nécessaires.
Aussi, fin novembre, la toute première mission pilote avait lieu aux Nouragues. En quatre jours et demi, 30 vols avaient été effectués : un programme condensé et optimisé qui a aussi permis de récolter des données de référence d’intérêt et affiner la méthode pour les tests qui ont suivi. Toutes ces missions pilotes sont très prometteuses.
Une approche inédite
L’utilisation du drone thermique à des fins de conservation : une approche inédite en Guyane.
Face aux méthodes traditionnelles de suivi de faune, efficaces mais coûteuses en temps, effort humain et logistique, l’alternative du drone - équipé d’une caméra infrarouge - permet de s’affranchir de beaucoup de contraintes et de prospecter de grandes surfaces. L’infrarouge capte la chaleur, que l’on ne peut voir de nos propres yeux, permettant ainsi de détecter facilement la présence d’individus à sang chaud. Une technologie d’autant plus intéressante avec des espèces difficilement observables, comme le kwata
Des suivis par drone, menés sur les gibbons en Chine ou sur les singes araignées au Mexique, ont montré des résultats très prometteurs.
Pourquoi le kwata ?
C’est une espèce que l’on connait peu : très peu sur son comportement, son écologie et ses densités de populations.
Vulnérable à l’échelle du plateau des Guyanes, le singe atèle possède un statut plus favorable en Guyane mais fait l’objet d’usages traditionnels qui peuvent induire une pression sur lui.
Ce projet vise à estimer des densités de populations de singes et évaluer la durabilité des pratiques de chasse des communautés vivant dans le sud du territoire.
Cette action fait partie du programme Terra Maka'andi financé par l'Union Européenne (FEDER) la Collectivité Territoriale de Guyane et la Direction Générale des Territoires et de la Mer