Réalisée dans le cadre du programme « Découverte de la biodiversité des zones inexplorées du Parc amazonien » – financé par le mécénat GMF et avec cette année un soutien complémentaire de la DGTM – la seconde mission d’exploration des lacs situés à l’est de l’inselberg Mamilihpan a pu être menée début mai.
C’est la première fois que le Parc amazonien organisait une mission aussi engagée. Les missions d’inventaires pluridisciplinaires sont en général menées à proximité immédiate d’un lieu, accessible soit par voie fluviale, soit par voie aérienne sur une zone de posé identifiée ou créée pour l’occasion.
L’année dernière, le lac Mamilihpan avait pu être atteint après deux jours de pirogue et un layon déjà existant. Cette année, la cible visée était les trois lacs Paco, Marionnette et Haute Koutou, situés à l’est de la Mamilihpan. Seule zone possible pour déposer l’équipe en hélicoptère à cette saison : une petite savane-roche, située à environ 8 kilomètres du premier lac.
Le challenge était donc important : rallier à pied, hors layon, avec dix jours d’autonomie sur le dos, les lacs pour pouvoir y inventorier la faune et la flore présentes : reptiles, amphibiens, poissons, oiseaux, mammifères, papillons, odonates et botanique. Et cela n’a pas été une sinécure !
Les conditions sur le terrain se sont avérées particulièrement difficiles : des pluies importantes et continues durant toute la mission, des milieux difficiles à arpenter, notamment avec des charges conséquentes à porter. Très rapidement l’équipe sur place a dû prendre la décision d’adapter le programme et de revoir les ambitions à la baisse, pour limiter les risques en termes de sécurité.
La moitié de l’équipe a pu atteindre et prospecter les lacs Paco et Marionnette, inventoriant les groupes prioritaires pour ces formations lacustres : les amphibiens, reptiles et poissons.
La deuxième moitié de l’équipe s’est concentrée sur la prospection du secteur autour de l’inselberg Mamilihpan, notamment les nombreuses savanes-roches et chaos rocheux présents sur le secteur.
L’une comme l’autre, les équipes ont pu collecter de nombreuses données (lire bilan ci-dessous), certaines nouvelles pour la Guyane, d’autres dont l’identification nécessitera l’appui de la génétique.
L’équipe de huit personnes ayant réalisé ces inventaires, était composée d’une agente du Parc amazonien et de sept autres experts indépendants ou issus d’associations naturalistes.
Bilan provisoire de la mission
Voici un premier bilan de cette mission, uniquement pour ce qui est de la faune.
L’inventaire flore est toujours en cours mais on note déjà la détection d’un nouveau genre d’orchidée pour la Guyane avec l’observation près des deux lacs de Otostylis brachystalix.
- 44 espèces d’amphibiens
- 30 espèces de reptiles, dont 9 serpents, 18 lézards, 1 tortue et 2 caïmans
- Environ 40 espèces de poissons avec plusieurs espèces capturées en cours d’identification et qui pourraient révéler de nouvelles espèces pour la Guyane, voir pour la science !
- Plus de 250 espèces d’oiseaux, avec des espèces très intéressantes comme le Martinet montagnard (Aeronautes montivagus), l’Ermite d'Auguste (Phaethornis augusti), et le Coq-de roche orange (Rupicola rupicola) dont de nombreux nids ont été observés.
- 44 espèces de mammifères, avec 7 des 8 espèces de primates présents sur le territoire, dont notamment de très nombreuses observations de kwata et le rare Saki Satan observé à 4 reprises, ainsi que 27 espèces de chauve-souris.
- Plus de 70 espèces de papillons diurnes (à compléter, identification en cours)
- Plus de 30 espèces de libellules, dont une nouvelle espèce pour la Guyane (Telebasis griffinii - Martin, 1896)
- 11 espèces de mygales et 9 espèces de Micrathena (un genre d’araignée), dont une nouvelle espèce pour le département : Micrathena gurupi.
Quelques-unes de ces espèces sont en image, dans le diaporama photo ci-dessus.
Des observations archéologiques
Au-delà de ces inventaires naturalistes, des observations archéologiques ont été réalisées dans la zone autour de l’inselberg Mamilihpan avec deux sites à polissoirs (photo ci-dessus, par exemple) ; sept sites sur lesquels ont été observés des tessons de poterie ; et trois formations de type inconnu relevées.
Toutes ces observations ont fait l’objet de fiches de déclaration de découverte et ont été transmises au Service régional d’archéologie.