Avec des membres de la communauté wayãpi de Trois-Sauts, Franklin Piaguaje (artiste colombien, en résidence et direction artistique) et Nathan Mata (originaire de Camopi) ont créé cinq fresques. Ces fresques représentent des légendes, traditions et êtres sacrés, importants pour la culture wayãpi.
Le jeune Nathan a permis d’harmoniser les savoirs techniques de Franklin et les savoirs ancestraux des habitants. « J’ai aimé réaliser des symboles de notre culture et mettre en pratique ce que j’apprends au lycée (Balata). Ce que j'aime le plus, c'est raconter une histoire de notre culture », a-t-il commenté dans son rapport de stage.
La fresque principale – « Cosmovision wayãpi » – réalisée sur le château d’eau du village Zidock, a nécessité quatre jours de travail et mobilisé 15 jeunes (photo de gauche). Elle a vu le jour notamment grâce au travail de recueil de récits des anciens par un autre jeune artiste de Trois-Sauts, Erwan Lassouka.
Cette fresque représente les mythes et traditions wayãpi : la femme jaguar donnant naissance au peuple wayãpi ; l’homme chasseur et l’homme pêcheur sur le plus grand saut, l’Itu wasu ; les roches de ce même saut se transformant en caïmans ; un hommage au cachiri ; la femme anaconda ; etc.
En bonus, quatre fresques ont été réalisées à Camopi. Trois d’entre elles ont rendu hommage au plus grand félin d’Amérique du Sud, le jaguar : l’une chez une habitante ; l’autre à l’association Kamopi wan.
Toutes ont été créées dans un environnement très intime, ce qui a permis à chaque famille de partager l'importance de ce félin et entité dans son foyer et dans sa culture.
Une autre rend hommage à l’homme chaman wayãpi, elle a été réalisée à l’îlet Moulat, chez un habitant.
Le Mayouri graff c’est quoi ?
Le Mayouri graff, ce sont des artistes autochtones sélectionnés par les habitants, qui viennent échanger et proposer des techniques et des œuvres inspirées de la tradition.
Chefs coutumiers et habitants prennent aussi part à la réflexion du sujet qui va être peint, expriment leurs volontés. Et certains talents locaux mettent la main à pâte.
Le but est aussi de créer un échange culturel entre communautés autochtones de Guyane et d’ailleurs.
Cela fait deux ans de suite que les communautés de Camopi et Trois-Sauts choisissent l’artiste autochtone colombien Franklin Piaguaje, parmi douze autres candidatures d’artistes autochtones des différents pays du continent. « Les habitants ont face à eux quelqu’un qui leur ressemble. Ce qui libère la parole et les interactions », constate Marcela Chamorro Calvache. Chargée de mission Sciences humaines et culture au Parc amazonien de Guyane, elle orchestre l’événement.
Cet événement est rendu possible grâce au partenariat avec l’association Guyabo colectivo, l’Agence régionale de santé et la commune de Camopi.
(Re)voyez notre article et nos photos dédiés à la 1re édition ici.