La botanique guyanaise perd un de ses pères
Le Parc amazonien de Guyane déplore la disparition d’un monument de la botanique en Guyane et ancien membre de son conseil scientifique : Jean-Jacques de Granville, décédé ce 13 décembre.
Plusieurs agents du Parc amazonien ont eu le privilège de connaître, collaborer ou apprendre auprès de ce grand monsieur. Ils s’en souviennent comme d’un homme patient, didactique, extrêmement bienveillant et jovial.
19 409 spécimens récoltés et déposés à l’herbier de Guyane, avec des doubles dans les herbiers internationaux : c’est dire combien l’ancien conservateur de l’herbier a contribué à la botanique guyanaise, à laquelle il a dédié plus de quarante ans de sa vie. On lui doit, entre autres, la découverte du Cyclodium rheophilum, fougère endémique de Guyane.
La Guyane, qu’il découvre dans un premier temps, dans le cadre de sa thèse (de 1969 à 1977). Et où il finit par s’installer, pour explorer ce territoire comme personne. Jean-Jacques de Granville est en effet l’un des précurseurs de l’exploration scientifique chez nous. Il a gravi les plus hauts sommets guyanais. Inselbergs du sud-ouest ; Sommet Tabulaire ; Bellevue de l’Inini ; mont Galbao ; montagne Kotika ; mont Saint-Marcel ; Nouragues ; etc. : la liste est longue !
L’homme a quasiment entièrement parcouru le territoire, notamment du temps où les missions en forêt étaient longues, difficiles du point de vue de la logistique, avec des moyens de communication qui n’étaient pas ceux d’aujourd’hui.
Jean-Jacques de Granville a énormément œuvré pour la valorisation et la protection d’espèces protégées. Visionnaire, il a également été à l’initiative de la création d’aires protégées en Guyane. Il a par ailleurs enseigné et formé. Et a longtemps été membre du conseil scientifique du Parc amazonien.
En quarante ans, le botaniste a produit quelque 231 documents dont 117 publiés (6 livres ; participé à 27 ouvrages de synthèse ; 57 articles dans des revues, dont 45 de rang A ; participé à 48 congrès et séminaires avec 46 communications présentées).
On se souvient, plus récemment (2014) du Guide des palmiers de Guyane, qui a connu un beau succès auprès du grand public.
En 2021, la Société botanique de France lui remettait le prix Gandoger de Phanérogamie, pour saluer l’ensemble de son œuvre.
Jean-Jacques de Granville était aussi connu des Guyanais pour son implication dans le carnaval local (groupe Os Band).
Jean-Jacques, toute l’équipe du Parc amazonien t'est reconnaissante et te souhaite un bon voyage !