Saül, cœur du Parc amazonien de Guyane, vient de livrer un record scientifique inédit : 23 jaguars identifiés individuellement, soit la population la plus élevée jamais mesurée en Guyane.

Un programme de suivi innovant

Lancé en octobre 2024, le programme CamTrap repose sur le piégeage photographique pour estimer la densité des grands prédateurs, avec un focus particulier sur le jaguar (Panthera onca).
Au total, 54 pièges photographiques ont été déployés sur 27 stations, couvrant près de 100 km² de forêt autour de Saül. L’opération a mobilisé les équipes du Parc (PNC/DTC), en partenariat avec l’association Kwata et ses experts, pour positionner les appareils dans différents habitats naturels de la commune.

Des chiffres impressionnants

En six mois de suivi et trois relevés intermédiaires, ce sont plus de 9 500 clichés qui ont été collectés, représentant environ 3 200 observations de faune.

• Jaguar : 317 clichés distincts, correspondant à 106 observations
• Autres espèces observées : chat margay, puma, grand cabassou, raton crabier, tamanoir…
• Densité finale estimée : 6,4 jaguars pour 100 km², record départemental

Ce chiffre dépasse largement les densités observées dans d’autres zones de Guyane, comme la Réserve Naturelle des Nouragues (9 à 11 individus estimés sur la même superficie mais sur plusieurs années), et place Saül parmi les sites à plus forte densité de jaguars d’Amazonie.

Pourquoi une telle concentration à Saül ?

Les premières analyses suggèrent deux facteurs principaux :

• Un relief contraignant (mont Galbao, monts La Fumée) qui canalise les déplacements des jaguars le long des sentiers et pistes forestières.
• Une abondance de proies, notamment cochons-bois, hoccos et agamis, offrant une ressource alimentaire importante.

Un projet ancré dans le territoire

Les résultats ont été présentés en avant-première aux habitants de Saül lors de la Fête de la Nature en mai 2025. Ce moment d’échange a permis de discuter du rôle écologique du jaguar et de ses interactions possibles avec les activités humaines.

Et maintenant ?

Fort de ce succès, une publication scientifique est en préparation pour partager ces données avec la communauté naturaliste et académique.
Le Parc ambitionne désormais :

• de reconduire le programme dans les années à venir pour confirmer ces observations dans le temps ;
• d’étendre le dispositif à d’autres communes partenaires pour affiner la cartographie de la répartition du jaguar en Guyane.