Tour d’horizon, ci-dessous, des différentes animations et de la soirée de clôture de ce projet porté par le Parc amazonien de Guyane avec la mairie de Papaïchton et le soutien de l’Office français de la biodiversité.
Sorties naturalistes aux sentiers Amadou et La Source
« Monsieur, Monsieur, c’est quoi cet insecte ? » ; « Mais oui, je connais cette plante, on peut manger son fruit ! » ; « Regarde comment l’aile de la chauve-souris est toute douce ! » ; « Ah non, moi, j’ai peur ! ».
Dans les sentiers de Papaïchton, de jour mais aussi de nuit, des habitants et visiteurs ont pu partir à la rencontre de diverses espèces botaniques et faunistiques, tout le long de la semaine du 5 février. Une action qui visait à valoriser les connaissances acquises au cours de ces trois dernières années d’inventaire et à continuer d’éveiller la curiosité.
Certains des experts naturalistes (botanique, papillons, oiseaux et chauves-souris), ayant participé aux missions scientifiques de l’Atlas de la biodiversité communale, ont pu revenir à Papaïchton animer ces sorties. Ils ont parfois été marqués par le niveau de connaissance des participants. L’entomologiste Nino Page a été très agréablement surpris par le niveau d’intérêt de certains jeunes : « C’est assez génial de voir ça. Leur niveau de connaissance aussi : ils en savent plus qu’on ne le pense. » Pour Clément Lermyte, qui a porté le projet au sein du Parc amazonien de Guyane, c’est aussi gratifiant de voir que les jeunes ont « emmagasiné des connaissances au cours du projet : on le voit aujourd’hui. »
Ateliers de slam : du collège à la scène publique
Au cours de cette semaine de clôture de projet, l’artiste saint-laurentaise Miremonde Fleuzin a animé des ateliers de slam au collège Capitaine Charles-Tafanier. Dans un temps limité, elle a appris aux jeunes à écrire un court texte et puis le déclamer (posture, diction, volume de la voix, jeu avec le public…). La plupart découvrait ce qu’était le slam, tantôt aux portes de la poésie ou du rap.
Les élèves ont laissé parler leur inspiration sur le thème de la biodiversité, en lien avec la nature qui les entoure et leur culture. Spontanément, certains ont choisi de faire parler un animal ou une espèce végétale ou d’aborder les pollutions causées par l’homme, comme l’orpaillage illégal.
L’artiste était étonnée de voir les élèves évoluer en peu de temps et s’ouvrir. Après quelques heures au contact de Miremonde, certains ont en effet pris confiance. Les plus téméraires – Anaïta, Hadassa, Jackson, Ladjie et Milayka – ont même osé monter sur la scène ouverte du samedi soir pour déclamer leurs textes. S’il a fallu fortement les encourager au début, ils ne voulaient plus quitter la scène ensuite. « La peur est partie. On a adoré Miremonde et cette expérience ! » commente Mikayka, élève de 4e. Sa camarade Hadassa, qui a écrit sur la forêt, complète : « On veut qu’elle reste ou au moins qu’elle revienne ! »
Projection de films
Une toile tendue, un vidéoprojecteur et une quarantaine de chaises remplies de spectateurs pour une soirée d’immersion dans les forêts de Papaïchton. Vendredi soir, le Parc amazonien proposait la diffusion de courts-métrages réalisés au cours de ces trois ans d’ABC. Une première série de très courts-métrages, donnait un aperçu des différents inventaires réalisés sur un site inexploré : Gros Saut.
Et puis, durant une demi-heure, c’est sur l’énigmatique montagne de Kotika, l’un des plus hauts sommets de Guyane, que le public a voyagé aux côtés d’une équipe qui dévoile des merveilles insoupçonnées.
Animations de sensibilisation à l’environnement
Face au Lawa, la place de La Poste était aux couleurs de l’ABC. Une exposition photo sur une des missions de cet ABC, à Gros Saut, a attiré le regard de plusieurs curieux.
Les supports créés à l’issue de ce projet ont aussi été exposés, telles les bâches sur les poissons du Lawa (avec les noms des espèces traduits en aluku). Ou encore la série de photos prises au cours de ces trois ans, les bilans chiffrés des découvertes, animations, missions ou encore les photos du concours lancé à l’occasion de la Fête de la nature.
C’est dans ce décor que le samedi matin, le public est venu tester les jeux créés au cours de l’ABC par des élèves de la commune (un Qui est-ce ? et un Memory) autour des principales espèces d’oiseaux, poissons et amphibiens de la commune.
Certains ont testé des casques à réalité virtuelle leur permettant de parcourir l’ensemble de la Guyane vue du ciel. Un voyage perturbant pour ceux qui ont le vestige.
D’autres animations ont attiré les plus jeunes : identification et classification des insectes, anatomie des poissons, origamis, tressages avec des feuilles de palmier…
Soirée chaleureuse autour de la culture boni
Cette semaine de clôture de projet s’est achevée allégrement samedi soir, sur la même place de La Poste.
Tandis que quelques délices à partager avec les habitants cuisaient au barbecue, les porteurs et financeurs du projet ont pu s’adresser à la population pour dresser un bilan de ce projet de trois ans, avant de remettre aux partenaires et habitants les supports nés de cet ABC : mallettes de jeux, attestation pour les classes ayant participé au projet de jeux, plaquettes d’identification, livres…
Les slams des collégiens et de Miremonde déclamés ont ensuite laissé place à un inoubliable spectacle de danses awasa et songe par Afiikan Pikin.
Le groupe de chanteurs et musiciens d’aleke, Bigi noto, a repris la suite et clôt la soirée musicalement bien !
Il a dit
Jules Deie, maire de Papaïchton et président du conseil d’administration du Parc amazonien
C’est Saül qui nous a inspiré ! Cette initiative d’ABC témoigne de notre désir de mieux connaître et préserver la richesse de Papaïchton. L'ABC a été le point central de plusieurs événements majeurs. De plus, après 43 missions scientifiques et des centaines d’animations, nous avons produit une variété de supports éducatifs et ludiques, destinés à inspirer et informer notre communauté. Aujourd'hui, en clôturant ce chapitre de l'ABC, nous pouvons être fiers de notre engagement envers la préservation de notre environnement et de notre patrimoine naturel. Mais notre travail ne s'arrête pas là : nous continuerons à œuvrer ensemble pour un avenir où la biodiversité de Papaïchton prospère.
C’est quoi un ABC ?
Un Atlas de la biodiversité communale (ABC) est une démarche qui permet à une commune, ou une structure intercommunale, de connaître, de préserver et de valoriser son patrimoine naturel. Chaque année, l'Office français de la biodiversité (l’OFB) soutient de nombreux projets d'ABC. En Guyane, il soutenu celui de Saül, de Papaïchton, de Rémire-Montjoly et désormais celui de Matoury.
Un ABC permet de réaliser des inventaires des milieux et espèces présents sur un territoire donné. Il implique l'ensemble des acteurs d'une commune (élus, citoyens, associations, entreprises, habitants). « La réalisation de cet inventaire permet de cartographier les enjeux de biodiversité à l'échelle de ce territoire et d'établir un plan d'actions pluriannuel pour préserver la biodiversité », explicite l’OFB. Ainsi, grâce à cet outil d’information, la mairie de Papaïchton pourra désormais prendre des décisions éclairées pour l’aménagement de son territoire et son développement touristique, urbain ou agricole.
Des découvertes qui continuent
Durant cette semaine de clôture de projet, les experts ont continué à faire des rencontres surprenantes à Papaïchton et enrichir les bases de données. On pourrait citer Neoneura bilinearis : découverte il y a deux ans en Guyane, il s’agit de la cinquième mention de cette libellule pour le territoire.
Deux nouvelles espèces d’oiseaux ont été découvertes à Papaïchton durant cette semaine : le petit Troglodyte bambla (Microcerculus bambla) et puis l’Anabate rougequeue (Anabacerthia ruficaudata). Cette dernière « est extrêmement rare en Guyane, commente Quentin Uriot, naturaliste indépendant. Il s’agit de la quatrième ou cinquième mention en Guyane et de la seconde photo de l’espèce. C’est la troisième espèce la plus rare recensée à Papaïchton. » Quentin Uriot qui a aussi eu le privilège de croiser un Organiste de Finsch (Euphonia finschi), espèce rarissime et endémique du plateau des Guyanes, il s’agit de la troisième localité relevée pour Papaïchton.
L’entomologiste Nino Page a aussi eu de belles surprises. Il a notamment capturé une espèce qu’il reste à décrire pour science et qui n’est connue jusqu’ici que de Papaïchton : une femelle proche de Pheraeus honta du Pérou.
