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Le Comité de vie locale est composé de 21 membres titulaires (et 20 suppléants). Ils représentent l’ensemble des bassins de vie concernés par le Parc amazonien de Guyane.
Les représentants des bassins de vie (et leurs suppléants) ont été désignés lors des Conseils d’habitants ; les représentants des usagers, organismes, associations et personnalités ont quant à eux été désignés par le conseil d’administration du Parc amazonien sur proposition du directeur, en concertation avec les acteurs locaux.

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Djo Samagnan, Président du CVL du Parc amazonien depuis le 26 avril 2018 © C. Berthier PAG
Membre actif du Comité de vie locale depuis des années, vous avez été choisi par les autres membres pour en assurer la présidence en avril 2018. Qu’est-ce qui vous a convaincu de vous présenter ? 

Le Comité de vie locale offre une opportunité intéressante vis-à-vis de la représentativité des populations. Il permet notamment de remonter les informations au plus haut point, et en direct. Aujourd’hui, on a un réseau qui se met en place avec des responsables de l’administration et d’autres organismes, dont on peut avoir la carte... et le numéro de portable. Ça ouvre des portes.

Vous parlez du CVL comme d’un pont entre les habitants et les institutions...

C’est ce qu’il devrait être. Mais il doit être un pont audible ! J’imagine le CVL comme un lanceur d’alerte mais également comme un sérieux contributeur aux débats et comme une force de proposition. Ça ne veut pas dire que le CVL va tout faire. Ce qui importe, c’est d’être capable d’interpeller qui de droit, quand il le faut, et sans qu’on ait de limites de périmètre d’action, puisqu’on représente la vie locale dans son ensemble et sur tous les territoires du Parc amazonien de Guyane. Il n’y a donc personne de mieux placé que celui qui vit sur les lieux pour se prononcer sur les projets qui le concernent en apportant aussi des hypothèses de réponses aux situations. Après, il ne faut pas nous demander de faire le travail des élus ou de ceux payés pour le faire.

Avez-vous le sentiment d’être entendu ?

Pour moi, être entendu c’est quand les choses changent sur le terrain... Le CVL permet en tout cas de faciliter le dialogue. Nous sommes dans un pays procédurier et administratif, les projets sont parfois issus d’une multiplication de partenariats et donc de responsabilités. On peut comprendre certains temps d’action, certains décalages entre les alertes et les réalisations. Mais rien ne justifie une telle lenteur, voire l’immobilisme, dans certains domaines. On demande des résultats : tout le monde doit se mettre dans une dynamique de performance et de respect des calendriers.

Depuis que vous êtes président, vous avez travaillé sur un certain nombre de dossiers. Comment avez-vous déterminé les sujets prioritaires ? 

La liste des sollicitations est longue. Beaucoup de dossiers concernent l’actualité du moment et des sujets plus structurants :  la circulation fluviale suite aux PCF (postes de contrôle fluviaux) mis en place dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal et qui a vu le CVL jouer pleinement son rôle en demandant une audience au préfet sur le territoire en collaboration avec les autorités coutumières amérindiennes comme bushinenge, les usagers… pour aboutir à des discussions et une mobilisation des services de l’Etat et aboutir à des solutions permettant aux citoyens de circuler sur leur territoire ; le désenclavement aérien, la piste de Papaïchton (à venir)... L’aérodrome de Camopi est pour nous un élément essentiel : nous demandons son ouverture imminente.

Aujourd’hui, en 2019, personne n’est capable de proposer un calendrier alors que l’aérodrome est construit depuis des années. On cherche des prétextes qui ne tiennent pas la route, avec une langue de bois qui devient insolente de la part de certaines collectivités.

Ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur, car ils ont du sens pour les populations concernées. On a évidemment d’autres sujets, comme l’accès à l’eau potable, l’électrification des écarts sur la commune de Maripa-Soula en particulier où les difficultés rencontrées par les populations sont en train d’être résolues, les déchets, la santé publique, les problématiques du mal-être, les suicides. On essaye de prioriser, mais ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’autres problématiques.

« J’imagine le CVL comme un lanceur d’alerte »

Au sujet de la crise suicidaire justement, vous êtes intervenu, lors du conseil d’administration du Parc amazonien, pour dire que la vision institutionnelle n’était pas toujours la même que celle de la population. Le CVL joue donc un rôle important pour faire remonter les perceptions des habitants ?

Le CVL peut en effet apporter une vision qui sort de l’institutionnel. Tous les hommes de ce territoire n’ont pas la même histoire ni la même culture, n’ont pas forcément tout le temps les mêmes valeurs. L’œil de l’institution ne peut pas être le seul garant de toutes les actions qui vont s’adresser en bout de chaîne à ces populations-là. C’est bien que tout le monde s’émeuve, qu’on mette en place des dispositifs, mais il ne faut pas oublier que ceux à qui les actions sont adressées ont leur mot à dire. Ce ne sont pas des enfants.

L’aide doit être adaptée, le terrain doit être préparé. Ce n’est pas les institutions qui doivent arriver et dire : « On sait ce qui est bien pour vous ». Il y a une énorme part d’échec - ou de réticence, ou de rejet - qui est dû à ça. Ce sujet est complexe : il faut le regarder dans sa complexité et avec la pluralité des points de vue, le premier étant l’analyse que les populations font elles-mêmes de la situation.

Je rappelle et salue le travail effectué par les centres hospitaliers, la préfecture et les autres acteurs dont certains sont dans le CVL. Des échanges supplémentaires me semblent nécessaires, les populations devant aider les intervenants dans la compréhension et l’analyse de leur situation et ces derniers prendre davantage en compte les points de vue autochtones.


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